(( DIVERS ))

'To quote from Whitman, "O me! O life!... of the questions of these recurring; of the endless trains of the faithless... of cities filled with the foolish; what good amid these, O me, O life?"'

dallinger est maître d’illusions. il souffle sur sa paume et les discours ensorcèlent sa poignée de disciples. les quatre coins de sa magie sont au fin fond d’un vétuste édifice de princeton ; lorsqu’on y entre, on époussète tous les savoirs, on efface même les valeurs, la vertu, le laid et le beau. le professeur débâtit les encéphales soigneusement rodés pour y ancrer les idées nouvelles, remodeler l’être, créer le génie. les arts, la philosophie, la littérature, sont tout autant de substances qu’il concentre d’une seule et même voix. il vous regarde, et vous demande si vous êtes assez fort pour penser.

'Answer. That you are here - that life exists, and identity; that the powerful play goes on and you may contribute a verse. what will be your verse?'

quatre années ; de découvertes et d’euphorie, du sentiment d’être roi, de chutes et déconstructions, de poèmes et d’alcools, de paradis, d’enfer. huit, mais qu’un. huit, mais rien. trop soudés pour que la bulle n’implose jamais. un soir, l'incendie criminel menace de les déchirer. un mort, huit coupables -- personne pour brandir le candélabre dans le salon. l'hydre à huit têtes avance, blessée, soudée -- le cursus n’est pas achevé que dallinger s’éteint. il est mort avec ses idées. sans guide, ils dérivent. s’éloignent, se déchirent, s’aiment en souvenirs. il y a deux ans qu’ils se sont annihilés ; jusqu’alors, chacun vivait d’errance. le matin de la nouvelle année, Woolf les rappelle. bukowski s’est tiré une balle dans la tête.

because i could not stop for death –
he kindly stopped for me.

elle a embrassé l’excentricité. pousse toujours plus loin la (vile) pensée, finit par s’en incendier, brûler le foutoir dans les cigarettes, s’éteindre avec, recommencer. grande incomprise, sauf des huit. c’est une famille sur laquelle elle écrit toujours, elle en rêve le meilleur et cauchemarde le pire. parvient toujours à trouver l’équilibre sur ses deux pieds, alors elle prend appui sur les surfaces les plus flottantes, et danse. donnez-lui quelque chose d’embrouillé, elle y trouvera de la clarté. amatrice des paradoxes, d’insoluble et reine de l’innovation.

je sais les cieux crevant en éclairs, et les trombes
et les ressacs et les courants : je sais le soir.

bête de foire, d'un charismatique qui se veut presque risible. adopte cette façade qu'on a accolé à son visage avec une désinvolture qui sera maîtresse. rit et se détruit pour faire plaisir aux foules, mais ne se nourrit pas de la fascination morbide que l'on lui rend. coincé dans cette recherche propre à la jeunesse, ombre d'un homme qui ne s'est pas encore réalisé. grand paumé, accroché aux quelques rochers de l'existence à laquelle il n'accorde pas de sens.

as long as she thinks of a man, nobody objects to a woman thinking.

qui es-tu?

je suis doué d'une sensibilité absurde, ce qui érafle les autres me déchire.

le mal est chronique. chasse ses quelques lueurs pour les repeindre de sombreurs. l’enfant intérieur a la peau grise, elle ne rosit qu’avec les émotions – fortes, cataclysmiques. deux visages ornent cet homme que l’on ne saisit que peu : il a la douceur agressive. ne sait pas qui il est vraiment, au fond. ce sont les sentiments qui le dévorent. amoureux en série, déchiré sur le comptoir, mégalomane sans estime pour sa personne. il raconte le récit de sa vie à des inconnus qu’il croise sur le quai du train. il raconte les huit, dallinger, princeton. il raconte comment il y était mort, et la vie qui lui échappait depuis.

i hope to arrive to my death, late, in love, and a little drunk.

une bouche trop vorace pour qu’un jour, elle se referme. il mange la vie, les arts, les autres. fils héritier de l’épicurisme moderne, atticus exige à ses pieds satisfaction. tant subordonné au beau qu’il ne sait plus où croquer. c’est avec les dents en sang, qu’il traîne ses dérives au milieu de cette sagesse estudiantine. le terrain se préfère aux pupitres. jamais de mesure sur la palette polychrome d’une existence en dents-de-scie. atticus pique et mord, trinque à la mort, s’énamoure en désamours. son intensité le tuera, tout autant qu’elle le fera vivre.

i became insane, with long intervals of horrible sanity.

vilain petit canard d’une rangée de privilégiés. il portait toujours la même veste de biker, éraflée sur les manches ; à marquer la différence par la distance, physique, intellectuelle, sociale. brillant, au coude-à-coude avec rimbaud, il fait naître les dissensions, rompt l’harmonie précise, scientifique, de ceux qui n’avaient commencé qu’à sept. il s’aime quand on le déteste. il a les idées folles. sent un peu trop l’alcool. la bourse étudiante se porte comme une couronne qu’il décore d’oliviers ; c’est lui, le vrai roi. souverain de son petit royaume de controverses. il en vient aux mains pour défendre la suprématie de sa réflexion. tue du regard, près de la fenêtre. il a accepté le rôle du fou.

Le malheur qui ne se plaint pas a le droit de se faire respecter.

qui es-tu?

i wanted the whole world or nothing.

ils auraient tous pensé que flaubert se suiciderait en premier. c’est le moins malheureux de tous, qui a retourné les certitudes. solaire, faiblard quand il était question de beauté, superbe et assuré, bukowski était l’amant du tout ou rien. avec tout, il était quelqu’un. quand il ne s’est plus que retrouvé avec rien, lui aussi, s’est éteint. c’était le fils de dallinger, le privilégié des huit. ils n’ont jamais su qu’à table, il n’y avait que des bruits de couverts. qu’ils ne parlaient qu’au milieu des autres, et de tout sauf eux. sûrement étaient-ils trop compliqués pour vivre plus longtemps. rimbaud a publié un poème sur son suicide. dickinson en a pleuré. woolf a opiné. flaubert l’a déchiré. atticus a trinqué. allan poe en a rit et kaur l’a encadré.

bonjour/bonsoir

il s'agit de pl inspirés des livres le cercle des poètes disparus et le maître des illusions. huit étudiants, pour la plupart issus de milieux élitistes (hormis allan poe, boursier arrivé un an après les autres), sont parvenus à intégrer le cours de dallinger, qui n'était notifié sur aucun registre. la réussite de l'écriture d'un essai au sujet constamment changeant permet de faire partie de la classe. ce n'est pas un enseignement scolaire, le professeur se défait de tous les codes et tente de transmettre un savoir 'caché' à ses étudiants. en somme, la réflexion arrive à des extrêmes. beaucoup remettent tout en question -- d'où le suicide de bukowski.

plus personne n'est étudiant. leurs études se sont toutes terminées. quant au cours de dallinger, il s'est brusquement interrompu la même année aux suites de sa mort dont on ne connait pas les réelles causes.

c'était un groupe soudé, tant et si bien qu'ils se coupaient volontairement du reste du monde -- dallinger les y encourageait, comme pour préserver la sacralité de ses enseignements, qui devaient évidemment rester secrets. tous ont été très marqués par ce qu'ils ont vécu, appris, découvert, dans le cadre de ce cours. ils n'en ont finalement jamais fait le deuil.

le groupe menace d'imploser à la suite d'un incendie criminel, une nuit. ils sont entrés par effraction dans un manoir, voulant s'entourer d'artéfacts précieux le temps d'une lecture de soirée. poe et flaubert en viennent aux mains. atticus est gravement blessé. un homme est mort. l'affaire sera étouffée par les puissants parents -- et le groupe, plutôt que de se déchirer, se replie sur soi davantage encore contre l'extérieur.

c'est aux funérailles de bukowski qu'ils se retrouvent tous, pour la première fois depuis qu'ils se sont quittés, en février 2023. Depuis, la plupart d'entre eux se sont établis à Détroit de façon durable, comme s'il leur était désormais insupportable d'imaginer quitter le groupe à nouveau.

nous n'avons pas d'autres attentes particulières (hormis l'âge de 27-30 ans), mais si vous êtes fan de poésie et de mystère, n'hésitez plus, on vous accueillera avec les bras grands ouverts.

prompts et chronologie du groupe en prose bien ordinaire: